La séance ne s’est pas tout à fait déroulée comme je l’avais prévue, nous n’avons pas pu lire les livres qu’on avait choisis :
Je suis joyeux, Je suis tout fou-fou et Je boude.
La cause me diriez-vous ?
J’accueillais un nouvel enfant qui n’avait pas choisi mon activité
(pour resituer le contexte, à la base se sont les enfants
qui choisissent de venir ou non dans les activités proposées)
et cela se ressentait.
Dès son arrivée, je le vois se diriger vers ma valise de matériel et sortir
la marionnette de Chacal. Il commence alors à jouer avec.
Je l’observe dans un premier temps et ne dit rien, ensuite je le regarde
et je lui dis « Tu as fait ton Chacal ? ».
Bien évidemment il ne comprend pas mon allusion au fait qu’il avait pris
un objet m’appartenant sans me demander la permission.
L’enfant me répond alors « J’ai fait quoi ? »
Ce sur quoi je répète, « Tu as fait ton Chacal ? »
Il réplique alors « C’est quoi ça, faire son Chacal ? »
A ce moment-là, je me tourne vers les enfants qui étaient présents
à la première séance et je leur demande s’ils veulent bien expliquer
au nouveau venu qui est Chacal. C’est avec un immense plaisir
que j’assiste à l’explication des enfants.
Au fil des explications et des interventions, nous en arrivons
à parler de la colère qui monte, qui monte et qui monte.
« Parfois, je n’arrive pas à me contrôler me dit cet enfant les poings tout crispés », j’avais cette sensation qu’il allait bondir pour frapper quelqu’un.
Je pose alors la question : Mais comment faire quand on est en colère ?
Nouveau débat, dans un premier temps, je laisse les enfants émettre des solutions puis, je leur propose la mienne. Ils trouvent ça plutôt pas mal mais trop compliqué à retenir. J’entends alors une petite voix me dire
« Et si tu le faisais comme une poésie avec des rimes ? »
Je vous rassure ce n’était pas une petite voix dans ma tête, mais bel et bien
un enfant qui me soufflait une piste très intéressante. Mon cerveau rentre
alors en ébullition, ça y est, je sais !
Alors voilà mon nouvel outil, un petit mantra à répéter quand on se sent
en colère.
Bon à savoir : Les émotions arrivent 5 secondes avant la pensée.
Quand on se sent en colère, nous mettons donc 5 secondes pour comprendre ce qui nous arrive, malheureusement ces 5 secondes suffisent à l’émotions pour nous faire faire l’irréparable.
Voilà donc un petit outil qu’on peut répéter avec l’enfant.
Quand la colère monte souviens toi de cela.
1,2,3 Bouge pas
Ne frappe pas
Respire 5 fois
Et éloigne-toi.
J’ai proposé à l’enfant qui n’avait pas choisi mon atelier de le prononcer à haute voix et de me dire s’il avait toujours envie de frapper ou s’il avait envie de s’éloigner. Finalement, il s’éloigne du groupe à peine 2 minutes et revient tout sourire en me disant qu’il voulait bien essayer de devenir Girafe, mais qu’il n’était pas sûr d’y arriver. « Ce n’est pas grave lui ai-je répondu, le vouloir c’est déjà une victoire. »
Soit, nous avons fait un peu moins de photo et en même temps ces moments font parties intégrantes de mes activités, s’arrêter pour accueillir l’émotions de l’enfant.
C’est avec joie que nous avons poursuis les exercices et c’est avec joie que j’entendais parfois l’un des enfants dire à un autre, « Tu fais ton Chacal là ».